La Réunion du 25 octobre 1936 : Une Déconstruction Culturelle
Le 25 octobre est souvent considéré comme une date de célébration pour le karaté, mais pour les pratiquants et passionnés de la culture des arts martiaux des Ryukyu, cette journée revêt une signification bien plus complexe. Elle marque en effet une époque où les maîtres d’Okinawa ont dû adapter leur art martial traditionnel, le Tii ou Tuudii (“main de Chine”), face aux pressions culturelles et politiques du Japon de l’époque.
En adoptant le terme “karate” ou “main vide”, ils ont renoncé à une partie de l’héritage enraciné dans les Ryukyu, initiant ainsi une transformation irréversible.
En 1936, sous l’influence de Monsieur Nakasone et d’autres figures du gouvernement japonais et des journaux locaux, les maîtres d’Okinawa se sont réunis pour discuter de l’avenir de leur art martial. Les comptes rendus de cette réunion montrent que la décision de renommer le Tii en “karate” ne fut pas le résultat d’un choix concerté mais bien d’une décision imposée. Le terme karate “main vide”, plus neutre et acceptable pour l’Empire japonais, effaçait ainsi la connotation “chinoise” du nom, favorisant une standardisation culturelle dans un contexte de montée du nationalisme et de préparation militaire.
Selon les recherches de Me Patrick McCarthy, spécialiste reconnu de l’histoire des arts martiaux d’Okinawa, il ne semble pas qu’il y ait eu de débat sérieux parmi les maîtres okinawanais quant à ce changement de nom. L’adoption de “karate” ne répondait pas à un besoin local mais bien à des impératifs extérieurs, posant une question fondamentale : qu’arrive-t-il lorsqu’un art martial, porteur de l’identité culturelle d’un peuple, se retrouve intégré dans une structure étrangère ?
Le 25 octobre : Réflexion et préservation du patrimoine martial okinawanais
Pour les pratiquants, cette date nous rappelle la résilience de l’identité du peuple des Ryukyu, mais aussi les défis auxquels font face les traditions face à des pressions d’assimilation. Cet art martial, qui était intimement lié à la culture des Ryukyu, a vu sa forme modifiée pour répondre aux exigences de développement hors d’Okinawa.
Dans ce contexte, notre devoir est de soutenir et de préserver le patrimoine martial d’Okinawa, d’autant que cet art traditionnel, avec ses valeurs et ses enseignements, véhicule l’histoire et la philosophie uniques des Ryukyu. La richesse des arts martiaux d’Okinawa repose sur une philosophie de non-agression, de respect de l’autre, et d’un développement intérieur qui dépasse la simple maîtrise technique.
Valorisation des arts martiaux traditionnels d’Okinawa
Il est impératif que nous soutenions les efforts de préservation des arts martiaux authentiques d’Okinawa. En tant que pratiquants, passionnés ou simplement curieux, prenons le temps d’en apprendre davantage sur l’histoire de ces pratiques, de soutenir les dojos et les initiatives qui valorisent le Tii et les formes originelles du karaté.
Que cette date ne soit pas simplement une célébration, mais une occasion de réfléchir à la richesse culturelle et aux valeurs que ces arts martiaux incarnent. Préserver le patrimoine martial d’Okinawa, c’est respecter l’héritage d’un peuple et assurer que les générations futures puissent s’en inspirer.